Edito du bulletin d'avril pour les communautés chrétiennes du Pays Yonnais
« Ça court !!! »
Les derniers séismes ont montré que la peur ou la crainte d’être enfoui sous les gravats a fait courir à la lumière, seule véritable issue sécurisée… L’Évènement du tombeau vide et de la pierre roulée ont provoqué un véritable « séisme » dans le cœur et la vie des femmes et disciples, amis de Jésus. Une course à la recherche de la Lumière et de la Vérité sur Celui qui était devenu tout du SENS de leur vie.
Et si les rythmes effrénés de nos vies pouvaient, tant soit peu, emprunter le pas de course de nos témoins de la résurrection ! Affaire à suivre avec ce poème qui nous accompagne pour ce Temps de Pâques.
Bernard LUCAS, curé in solidum.
OÙ COURS-TU ?
Il fait noir dans ton cœur, Marie Madeleine Il fait noir sur la route qui te mène près du corps de ton ami Jésus Il fait noir devant ce tombeau vide dont on a enlevé la pierre Il fait noir Et pourtant, Jésus avait été lumière pour des tas de gens il avait guéri des malades, mis debout des paralysés, Pardonné les pécheurs Mais ça, c’était hier…
Depuis, on l’a tué comme un malfaiteur
Lui, le bienfaiteur, le faiseur de bien
Aujourd’hui, tu es dans le noir
On a même volé son corps comme si le reste ne suffisait pas
C’est le néant
Alors, tu pars, tu cours comme une folle, éperdue de douleur
Course sans but, course panique de celle qui n’a plus d’espérance
Dans ta tête, tout s’entrechoque…
Ça court aussi…
Tu vas rejoindre Pierre et Jean
Tu as besoin de dire ton désespoir
Tu ne peux pas vivre avec un cœur si lourd
Ils partent, ils se mettent à courir… mais dans le sens inverse
Peut-être que cette course est différente
Ça se bouscule aussi dans leur tête
Ça doit aller plus vite dans celle de Jean
D’ailleurs, il arrive le premier au tombeau
Mais il t’attend, Pierre, et tu vas entrer le premier
Et tu vois
D’abord le tombeau ouvert
Puis les bandelettes qui ont entouré le corps de Jésus
Et le linge qui a recouvert sa tête Alors, toi qui es homme raisonnable et réaliste Tu te mets à réfléchir calmement et logiquement « Ce n’est pas possible qu’on l’ait enlevé Quand on a fait un rapt, on va vite On ne prend pas le temps de plier les affaires Et de faire le ménage avant de partir Il y a des choses qui clochent dans tout ça ». Et tu en restes là Ce que tu vois reste comme un point d’interrogation Ce n’est pas rien un point d’interrogation Ce n’est plus le néant Mais c’est encore la nuit Et toi, Jean Alors là, je dois dire que tu m’épates J’en connais beaucoup qui voudraient être comme toi Ta course va plus vite que l’éclair Tu vois les mêmes choses que Pierre Et, en un instant, tu crois Ces signes de non-présence, Voici qu’ils deviennent pour toi certitude Jésus est Vivant Tu entres dans la lumière du ressuscité La vie renaît Tout ce que tu as vécu avec lui prend un sens nouveau Tu es sorti de la nuit parce que ton cœur s’est ouvert Marie Madeleine, Pierre, Jean ça pourrait être un nom de baptême Pour aller à la rencontre du Ressuscité.
Jean-Marie Bossard - chemin faisant, avril 1996
