"Merci Seigneur pour les prêtres". Témoignage de Bernard Lucas

Le 17 janvier avait lieu une veillée intitulée "Merci Seigneur pour les prêtres". Bernard Lucas, curé in solidum de la paroisse du Sacré-Coeur de la Roche-sur-Yon en Pays Yonnais y a livré un très beau témoignage sur son engagement.

Retrouvez ci-dessous le très beau témoignage de Bernard Lucas.

Mon désir ou l’idée d’être prêtre est né de l’attrait que je portais, enfant, à l’Eglise… la religion… la prière… l’Evangile… les messes… . Cet attrait s’est manifesté très jeune… comme inné. En même temps, cet attrait était nourri et entretenu au sein de ma famille… famille nombreuse… parents agriculteurs… prière du chapelet tous les soirs, en même temps que la vaisselle était faite et que la grande marmite contenant les patates pour les cochons était sur le feu de la cheminée… Tout se passait en même temps.

Attrait nourri et entretenu de façon aussi naturelle par la pratique religieuse de toute la famille à la vie paroissiale … C’était les années 1956 /1963

Cet attrait cohabitait en même temps avec d’autres attraits … passant tous les matins devant la forge du village : le métier de forgeron m’attirait tout autant. …

Cet attrait décrit précédemment a été et est le fondement de mon vécu humain, spirituel et de prêtre. Aujourd’hui, étant de la spiritualité du Prado, je ne cesse de porter cette invitation du bienheureux Antoine CHEVRIER, fondateur du Prado : « Sentez-vous monter en vous un attrait pour Jésus-Christ…alors, cultivez-le. »

Baignant dans la culture des champs, naturellement la culture de l’attrait pour l’Eglise, l’Evangile, la vie des hommes pouvait trouver place.

Toutes les années de séminaire à Chavagnes, aux Herbiers … (avec de nombreux temps d’approfondissement, de réflexion, de prière, d’échanges, d’ouverture), avant le temps du Grand Séminaire à Luçon, puis Angers et Nantes ont été pour moi un bon terreau pour cultiver cet attrait, avec la poursuite de la vie ecclésiale en paroisse, entre jeunes avec les messes ‘dite de jeunes’ la vie en mouvement avec le Mouvement rural de jeunesse chrétienne ou l’accompagnement des clubs d’enfants avec l’Action Catholique (ACE)…

Bien des fois, à la question « Pourquoi as-tu voulu être prêtre ? » J’ai répondu et continue de répondre : parce que j’aime l’Eglise, et sûrement aussi parce que l’Eglise m’aime… Ce lien d’AMOUR porté envers l’Eglise, et que l’Eglise me porte, me donne d’y vivre libre à l’intérieur… une liberté en lien avec ce qui est rapporté par l’Evangéliste St Jean, chapitre 8, dans les versets 30-36 : « Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous rendra libre. »

« Prêtre au service de l’EGLISE qui annonce la « BONNE NOUVELLE » pour la VIE du MONDE… » tel était l’intitulé du livret d’ordination du 29 juin 1980 à la Châtaigneraie. Cette réponse, je l’avais déjà confirmée un certain samedi de janvier 1974, étant à effectuer un stage de Formation Professionnelle de Routier à Poitiers. C’était par un beau soleil d’hiver… ce soleil qui réchauffe après les bonnes gelées blanches…. Un OUI à donner à l’Eglise et au Christ en étant disciple ou apôtre. C’est la vie de l’apostolat qui m’a séduit dans l’accompagnement et la réflexion que je vivais ces années-là. Cette dimension de l’apôtre envoyé… en sortie… qui rencontre…. rassemble… prie et donne la vie du Christ.

Ce temps de l’ordination c’est celui qui demeure aujourd’hui le « Bon moment »… le sacrement de l’ordination continue ‘de me faire’ ou plutôt de me façonner comme avec le potier et l’argile. L’ordination diaconale et presbytérale continue de m’habiter aujourd’hui, tout comme toutes les années de préparation avec les personnes, les évènements et l’église dans ce temps de préparation… L’ordination ne cesse de venir épouser tout mon être. Elle est celle de tous les « aujourd’hui » ! J’ai envie de dire que tous les moments sont bons parce que riches des contacts, des liens créés… de l’apostolat… des rencontres devenant « sacramentelles »… Je ne sais pas s’il y a des mauvais moments dans le ministère… mais il est des moments éprouvants au sens biblique … des moments d’ajustement. Il me revient sans cesse ce passage du livre de la Sagesse au chapitre 3 : « les âmes des justes sont dans la main de Dieu : aucun tourment n’a de prise sur eux…. Dans les épreuves, Dieu les a trouvés dignes de lui, éprouvés comme l’or au creuset… Qui met en lui sa foi comprendra la vérité.»

Un souhait que je porte pour le peuple de Dieu, c’est avoir une prise de conscience plus aigue, que nous sommes tous des croyants, au sein de ce peuple de Dieu, tenant des places particulières, petites mains ou autres, avec des missions, des ministères… des appels pour être signes… Oh j’avoue, la souffrance que je porterais (et porte à certains moments), en écho à des réflexions entendues devant « des aujourd’hui » de l’Eglise : ‘c’est bien vous qui avez voulu être prêtre.’ ; cette souffrance serait de ne pas être perçu ou reconnu pour ce « oui d’Amour du Christ, de l’Eglise et des hommes » qui engage bien plus que soi-même, ce oui appelé à devenir le ‘oui ‘ de toute l’Eglise et du Peuple de Dieu L’action de grâce porté, est ce oui à l’apostolat de janvier 1974 qui n’a cessé de porter du fruit dans la RENCONTRE par l’attrait cultivé….celui de l’Evangile, de l’Eglise et du monde, de cette Eglise qui ne cesse de me donner d’être. Mon merci sera cette vision de l’Apocalypse de St Jean rappelée à chaque fête de Toussaint… « 144 000 de toutes les tribus des fils d’Israël, marqués du sceau… après cela : une foule immense que nul ne pouvait dénombrer… foule de toutes nations, tribus, peuples et langues… Ils se tenaient debout devant l’Agneau… s’écriant d’une voix forte : le Salut appartient à notre Dieu et à l’Agneau…Un merci d’Espérance exprimé dans la foi en cette année du jubilé : demeurer en communion avec toutes et ceux rencontrés sur le chemin de la vie et de l’Eglise. Il est bien au-delà du rêve de faire réunir tous celles et ceux rencontrés.

Bernard LUCAS – Mouilleron le Captif